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"Des valeurs au cœur de l’éducation, pour quoi faire?": thème d'une émission-débat avec des personnalités engagées

Mis à jour le
02/12/2020

Dominique Tchimbakala, journaliste à TV5MONDE et présidente de l'association des anciens élèves des lycées français du monde (Union-ALFM), a animé cette émission pour l'AEFE. Une émission qu'elle a conçue comme une conversation (par écrans interposés, crise sanitaire oblige) entre des invités passionnés par la question des valeurs qui sous-tendent l'enseignement français à l'étranger.

L’émission

L’émission
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Une émission-débat au cœur de la Semaine des lycées français du monde et reliée à la thématique « Citoyens et citoyennes, égaux et solidaires : l’éducation française pour relever les défis de demain » de cette édition de la #SemaineLFM. © AEFE

Les intervenants et intervenantes

Marie-Christine Saragosse
Présidente-directrice générale du groupe France Médias Monde, partenaire de l’AEFE pour l’éducation aux médias et à l’information

Marie-Sophie Pawlack
Fondatrice de l’association « Elles bougent ! », partenaire de l’AEFE pour renforcer la mixité dans les filières scientifiques et technologiques

Jacques Toubon
Ancien  ministre de la Culture et de la Justice puis défenseur des droits

Erik Orsenna
Écrivain, de l'Académie française, parrain de la Semaine des lycées français du monde

Olivier Brochet
Directeur de l’AEFE

Vassiliki Driancourt
Directrice  de  l’enseignement,  de  la  formation  et de l’orientation à l’AEFE

Ilo Rakotonavahy
Ancienne élève, boursière Excellence-Major

Verbatims

(2 :42) Dominique Tchimbakala : Si je vous dis, est-ce que vous pouvez me dire, en trois mots, ce qu’évoque pour vous l’enseignement français à l’étranger, en trois mots qu’est-ce que ce serait ?

(2 :52) Erik Orsenna : L’égalité, l’espérance, la diversité

(3 :21) Jacques Toubon : l’enseignement français au Liban, c’est quelque chose que je n’oublierai jamais. (3 :38) une ouverture au monde (…) diversité humaine de l’enseignement français et (…) l’idée d’une excellence, une sorte d’excellence idéale.

(4 :44) Olivier Brochet : Apprendre pour comprendre et agir

 (5 :04) Olivier Brochet : [répondant à la question « Quelle est la spécificité finalement des établissements français qui se trouvent à l’étranger ? »] : la spécificité, c’est d’abord le fait d’être présent dans 140 pays dans le monde, d’être en permanence dans des environnements très différents de celui de la France. Et la deuxième caractéristique, c’est que les deux tiers des élèves qui sont dans l’enseignement français à l’étranger sont des étrangers (…) et c’est extraordinaire de travailler sur cette empathie mutuelle pour développer tout notre projet éducatif et notamment le travail sur les valeurs pour former des citoyens du monde.

(8 :07) Jacques Toubon : je crois (…) que nous apportons ce dont tous ceux qui sont dans nos lycées ont besoin, c’est-à-dire un idéal.

(9 :44) Erik Orsenna : grâce à ces lycées, grâce à cette communauté magnifique, nous sommes plus grands et plus divers que nous sommes. C’est ça l’objectif d’une vie. C’est d’être plus grand que soi-même. Et donc plus divers que soi-même. Et donc plus vivant que soi-même. (…) à l’Académie française je suis au fauteuil de Pasteur, et je suis l’ambassadeur du réseau international de l’Institut Pasteur, (…) notre but à nous, à l’Institut Pasteur, c’est « comprendre pour mieux soigner et pour plus transmettre ». C’est assez étonnant de voir que le système éducatif soit en aussi bonne relation, en si grand écho avec cet autre grand réseau qui s’appelle le réseau des instituts Pasteur.

(16 :31) Vassiliki Driancourt : [les élèves] ont ce lien à l’altérité, ce lien au groupe, entre pairs, et c’est aussi comme ça que nous travaillons l’égalité, l’égalité au savoir, l’égalité à l’orientation, l’égalité au choix mais des choix consentis.

(19 :10) Ilo Rakotonavahy : dès le plus jeune âge on peut se donner le droit d’être ce qu’on veut vraiment.

(27 :00) Olivier Brochet : Cette formation à l’égalité est tout sauf asséner des valeurs. C’est les faire vivre et dans le dialogue, dans le respect des autres… sentir cela en soi à quel point c’est fondamental pour vivre bien en société, et je crois que c’est ça qui porte vraiment l’enseignement français à l’étranger au-delà de son excellence qui est reconnue partout.

(29 :02) Erik Orsenna : Je fais mon marché dans la francophonie. Je réveille ma langue en écoutant ce qui s’est dit ailleurs dans ses inventions incroyables et la langue est vivante (…) c’est mon leimotiv, ma devise, il faut être plus grand que soit, autrement on est bien plus petit.

(35 :00) Jacques Toubon : permettre au français de continuer à faire entrer en lui la réalité du monde et de la restituer à travers les mots, la syntaxe et la beauté de la langue.

(35 :32) Jacques Toubon : Nous avons le besoin de faire en sorte que notre enseignement exprime et traduise complètement l’égale dignité, l’égalité en droit, les droits de l’enfant, les droits de la femme bien entendu, et des petites filles en particulier, et donc que l’on lutte, et c’était le boulot que je faisais jusqu’à il y a quelques mois, contre toutes les discriminations.

(37 :23) Marie-Christine Saragosse : au fond les lycées français, ils étreignent quand nous [France Médias Monde] on embrasse large, et d’ailleurs ce n’est pas par hasard que dans notre groupe on a plein d’anciens élèves des lycées français

(44 :16) Marie-Christine Saragosse : Le sens du discernement, l’esprit critique, ce sont les points cardinaux de ce que l’on doit transmettre aux élèves.

(46 :45) Olivier Brochet : je l’entends presque toujours partout où je me déplace : l’attachement de ceux qui fréquentent les lycées français à l’étranger à la formation de l’esprit critique.

(48 :42) Marie-Christine Saragosse : à l’échelle du monde, je pense qu’il y a une très très forte menace sur l’ensemble des principes démocratiques en raison du complotisme et que donc la formation des esprits dès le plus jeune âge au sens critique et au discernement, dans toutes les matières mais en particulier dans l’éducation aux médias, ça devient un enjeu majeur.

(52 :40) Jacques Toubon : ce qui me paraît inquiétant c’est que notre système vit dans un monde où il y a partout partout des évolutions acquises, en cours ou des évolutions potentielles vers ce que l’on appelle des autocraties électives, des démocraties illibérales, des systèmes qui installent très clairement l’inégalité en termes de règles.(…) notre rôle, celui des enseignants, celui du système, celui des grands écrivains, celui des médias, c’est de faire en sorte que cette tolérance et cette liberté puissent continuer à régner.

(56 :08) Erik Orsenna : Si on n’a pas comme base la liberté d’un côté et le respect du savoir, les deux ensemble sont évidemment des alliés. Si on tue la liberté, si on tue le savoir, c’est très clair ce que l’on engendre, c’est la barbarie.

(59 :45) Olivier Brochet : [à propos de l’engagement auprès de l’AFM-Téléthon] Il faut savoir que le séquençage du génome humain de l’ADN qui a été réalisé pour la première fois au Généthon a été remis à l’UNESCO comme patrimoine mondial de l’humanité.

(1 :05 :49) Ilo Rakotonavahy : [Répondant à la question « Est-ce que l’engagement est quelque chose qui t’a été transmis ? »] Ça c’était vraiment hyper intéressant. On nous a très vite fait comprendre que, pour que ça se passe bien, que l’on puisse vivre ensemble (…), il fallait qu’on soit actifs et acteurs de la vie du lycée.

(1 :05 :10) Jacques Toubon : Moi je me porte vers l’avenir en disant que il faut dès maintenant s’arc-bouter et s’organiser pour mener ce qui est, je crois, je crois honnêtement, dans un combat, et pas seulement dans les quinze ou vingt pays qui sont en train de devenir des pays réactionnaires et illibéraux comme on dit ou identitaristes, mais partout sur la planète.

(1 :05 :36) Erik Orsenna : Alors moi je voudrais reprendre le principe qui est défendu par l’Institut Pasteur, qui est défendu par l’Organisation mondiale de la santé, de une santé, One Health, parce que si l’environnement va mal, les végétaux n’iront pas bien, si les animaux vont mal, les êtres humains, qui appartiennent au règne animal, n’iront pas bien. Dans la nature, il n’y a pas de frontières, il n’y a que des interdépendances. Et donc c’est cette ouverture-là qui doit être dispensée dans les enseignements.

(1 :07 :45) Marie-Christine Saragosse : On doit toujours se battre pour les idéaux et pour l’humanisme. C’est dans le mouvement qu’est le but. C’est dans le fait de toujours les défendre et les porter qu’on les incarne (…) Vive les lycées français comme modèle humaniste !

(1 :10 :15) Marie-Sophie Pawlak : Pour moi c'est un grand bonheur de pouvoir travailler avec l’AEFE et de voir s'exprimer les jeunes, les jeunes filles en particulier, au contact de nos marraines parce qu'elles sont enchantées et du coup elles sont porteuses de rêve et d'ambition.

(1 :11 :25) Ilo Rakotonavahy : le prochain défi c'est de prendre ces acquis, que l'on nous a distribués, et ensuite de les étendre au-delà de notre réseau AEFE et de faire profiter en fait autour de nous, en dehors, au-delà de la sphère scolaire.

(1 :12 :49) Vassiliki Driancourt : À l’heure actuelle je crois que, pour nous, les enjeux côté AEFE, c'est d'accompagner la révolution numérique qui s'opère, le numérique éducatif qui permet à des élèves de continuer à progresser, à travailler, à apprendre des choses, quelles que soient les situations.

(1 :12 :49) Olivier Brochet : Je voudrais dédier cette émission à la mémoire de Samuel Paty.

Vidéos diffusées pendant l’émission pour lancer les débats

Il s'agit ci-dessous de la version intégrale de la vidéo (des extraits ayant été diffusés pendant l'émission).

Éducation à la citoyenneté par la pratique, dès l'école primaire, du débat philosophique, ici sur le thème de la différence entre les filles et les garçons :

Témoignages d'anciens élèves et parents d'élèves :

Guillermo

Carolina

En lien avec les notions d'engagement et de solidarité, message de la présidente de l'AFM-Téléthon :